A la cathédrale
A la Cathédrale
Je suis allé à la cathédrale
J’avais froid et besoin de réconfort
De parler et d’exprimer ces quelques misères
Qui m’écrasaient depuis peu
Mais l’église était aussi froide que mon cœur !
A l’intérieur, j’ai vu des hommes, des illuminés
J’ai tendu la main vers eux
Je ne voulais pas un sou
Juste quelqu’un pour me souder
Ils avaient l’air de comprendre le monde
De décrypter les hiéroglyphes des Ecritures
Tout naturellement, tout naturellement !
Mais moi, grain de poussière dans cette immensité
Ils ne m’ont pas compris, ils m’ont exclu !
Pas assez vêtu à leurs yeux pour qu’on puisse m’inclure
Je ne m’inscrivais dans aucune page du catalogue saint
Pas assez propre pour qu’on me tende la main
Pas assez éloquent pour qu’on daigne écouter ce nain
L’église était froide et j’avais terriblement froid
J’ai tendu la main, j’étais déchu pour toujours
J’ai tendu la main pour qu’elle croise une autre main
Celle d’un de ces illuminés pour me souder. Mais rien.
Il fallait que je change pour leur ressembler un peu
J’avais besoin d’être parmi eux !
Absolument être l’un d’eux !
Comme ils étaient beaux, blancs avec cette aura splendide !
Mais j’ai tendu la main, ils m’ont exclu
Ah que l’église était froide ! Et que j’avais si froid !
Et dehors c’était le même froid ! Alors je suis sorti
Un clochard m’a dit dans la rue devant la cathédrale :
« L’église est froide parce que leur Dieu n’y est pas.
Il est juste là, à l’entrée, tu peux le prendre aussi ! »
Mon regard s’est alors rempli de lumière
Heureux d’être hors catégorie, hors norme
Et remerciant le bon Dieu d’être moins sophistiqué
J’ai tendu la main, j’ai touché la sienne. Et j’étais heureux !
Montpellier, 2010