Dans mon pays
DANS MON PAYS
Dans mon pays, on salue aimablement la nouvelle la voisine
Et on l’appelle déjà ma sœur, ma tante ou ma maman
Puis, on s’installe chez elle comme des magnans
Elle ne s’en plaint pas, nous sommes toutes cousines
Son repas est le nôtre, on le partage sans sourciller
En y invitant parfois toute sa progéniture affamée
Et le lendemain, on fait la ronde, personne n’est différent !
Dans mon pays, au milieu du jour, on va chez un oncle,
Sa compagne avertie cache toutes les provisions,
Même de retour son homme se privera par honte
Ici, on passera le jour à regarder la télévision
Et à se plaindre de tous les déficits de ce mois
Apres l’on s’offusquera d’avoir été mal reçu
Et à jamais on bannira la tante ingrate et prévenue.
Dans mon pays, on ne va jamais chez la grand-mère
Si elle a perdue un de ses fils ou un de ses proches,
Si elle est vieille et apparemment sans reproches
Si elle est veuve et toujours aussi belle et propre
Assurément il faut la fuir, c’est elle la sorcière !
Tout le monde le dit haut et fort sans aucunes preuves
Dommage pour elle si elle n’a pas de protecteur !
Mais dans mon pays il y a la joie de vivre !
On dit « mbolo » à tous ceux qui passent
Même le ventre creux, rien ne nous glace !
Dans cette ambiance aucun virus ne nous casse !
C’est toujours l’Eden en moins fantastique,
On partage tout, on se méfie de tout
Les insectes, les feuilles, tout est maléfique !
C’est que dans mon pays d’amour on est heureux
On s’est adapté et habitué aux heures malheureuses
On est à la fois musulman, chrétien et animiste
Nous nous insultons mais nous sommes très unis
Pour garder la paix nous métissons nos sangs
C’est l’héritage d’un homme béni par les dieux
Qui a régné une chiquenaude de quarante deux ans !
Montpellier, 2010